Don d’organes : entre espoir et vigilance
- Par Gregoire DJARMAILA
- 10 juil. 2025 13:26
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Un motif d’espoir nouveau pour des milliers de patients souffrant d’affections chroniques au Cameroun. Alors que les centres d'hémodialyse sont submergés et que les caisses du Trésor public trinquent, le Cameroun s'apprête à écrire une nouvelle page de son histoire médicale. Le parlement vient d'adopter un projet de loi révolutionnaire, visant à encadrer « le don, le prélèvement et la greffe de matériel biologique humain ». Dans l’exposé des motifs, le texte définit ces opérations comme « des actes médicaux consistant à transférer un organe ou un tissu sain, le greffon, d’un donneur vers un receveur afin de restaurer une fonction vitale ». Reins, foie, cœur, poumons, pancréas, cornée ou encore tissus reproducteurs… la liste des organes concernés n’est pas exhaustive, et les enjeux humains immenses. Les spécialistes sont formels : la transplantation constitue aujourd’hui l’une des avancées les plus précieuses de la médecine moderne. Elle offre, bien souvent, la plus forte chance de survie aux patients atteints de défaillances organiques terminales et permet un retour à une vie active, loin des contraintes lourdes et répétitives des traitements palliatifs comme l’hémodialyse. Elle permet in fine un retour à la vie active car, la greffe, lorsqu’elle est bien encadrée, peut transformer le destin d’un patient. Mieux encore, c’est une solution économiquement plus soutenable que l’hémodialyse permanente, pour les malades comme pour les caisses publiques. Au Cameroun, plus de 2,5 millions de patients (selon les chiffres officiels), dont 700 000 concentrés dans les deux grandes métropoles de Yaoundé et Douala, vivent sous hémodialyse. Un chiffre vertigineux qui traduit l’ampleur silencieuse de l’insuffisance rénale dans le pays. À cette réalité sanitaire alarmante, s’ajoutent les pannes récurrentes des équipements et les ruptures épisodiques de consommables, transformant la survie en calvaire pour nombre de malades.
Dans ce contexte critique, l’adoption d’un projet de loi encadrant la transplantation d’organes apparaît comme une bouée de sauvetage. Ce texte viendra, non seulement offrir une alternative durable à la dialyse, mais aussi jeter les bases d’un espoir concret pour des milliers de patients. En posant un cadre légal clair, le gouvernement apporte ainsi une réponse structurelle à un enjeu de santé majeur. C’est donc une avancée médicale et juridique que le Cameroun s’apprête ainsi à franchir. Selon le ministre de la Santé publique qui défendait ce nouvel instrument juridique devant les deux chambres du parlement, cette loi qui « s’inscrit dans la lignée des récentes réformes liées à la personne humaine, s’arrime parfaitement aux résolutions de l'Assemblée mondiale de la Santé et des Nations unies qui appellent à une meilleure disponibilité, qualité et innocuité des dons, tout en luttant contre le trafic d'organes ». L’ambition affichée est donc claire : combler un vide juridique, sécuriser une pratique médicale en expansion et ouvrir un espoir nouveau aux milliers de patients en attente d’une greffe.
Mais attention, cette révolution médicale ne peut se faire sans garde-fous. Si les premières greffes de rein pratiquées à l’Hôpital général de Yaoundé, (avec déjà 14 opérations réussies depuis 2021), témoignent d’un savoir-faire croissant, elles évoluaient jusqu’ici dans un flou juridique. La nouvelle loi, si elle est promulguée, viendra justement combler ce vide juridique. Elle va poser les bases d’un encadrement rigoureux, fixer les règles de consentement, de traçabilité et de contrôle, et ouvrir la voie à une pratique éthique et transparente. Son élaboration, qualifiée d’« inclusive » et « transversale », témoigne de la volonté des pouvoirs publics de prendre en compte toutes les sensibilités. En rejoignant ainsi le cercle très restreint des pays africains dotés d’une législation sur la transplantation, le Cameroun affirme sa volonté de concilier progrès médical et responsabilité morale. C’est donc un tournant majeur à saluer. Oui, cette loi peut transformer des vies. Mais si les bonnes intentions de ce texte ne font aucun doute, sa mise en œuvre n...
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