« La production locale de vaccins est envisagée »

Dr Shalom Tchokfe Ndoula, secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination.

Comment comprendre l’arrêt du financement de l’Alliance mondiale pour les vaccins au Cameroun ?
Pour comprendre ce retrait, il faut revenir sur le modèle de financement de Gavi qui est un co-financement. Elle a été créée par les États pour s’entraider de manière à ce que les pays à faible revenu soient assistés par ceux qui en ont un peu plus, et permettre que le coût de vaccin soit négocié par la force du nombre des pays qui font partie de l’Alliance mondiale pour les vaccins dont le Cameroun. Aujourd’hui, notre pays a une croissance économique qui est soutenue et nous sommes classés parmi les pays à revenu intermédiaire. À partir de ce moment, il est injuste pour le Cameroun de continuer de recevoir encore l’appui de Gavi pendant que d’autres pays sont encore davantage dans le besoin. On est plutôt dans un modèle de transition où notre pays se prépare de manière progressive, en augmentant sa part de co-financement pendant que celui de Gavi se réduit. Après, il sera question que le pays devienne contributeur pour participer à l’effort mondial d’élimination de certaines maladies. Cette décision est purement basée sur l’équité.


Doit-on craindre pour la disponibilité des vaccins ? 
Le retrait du financement de Gavi posera en effet un défi important à la soutenabilité de notre programme de vaccination qui se fait déjà sentir cette année, en raison de l'absence d'augmentation de la part de co-financement de l'Etat dans la vaccination. Les variations des coûts de vaccination ne sont pas prises en compte dans le budget, ce qui entraîne un déficit à partir de cette année. Si cette tendance se poursuit, nous risquons d'être débordés par l'augmentation très rapide du co-financement. Cependant, des initiatives émanant de la société civile, des parlementaires et des personnes averties tirent la sonnette d'alarme afin d'éviter la perte des acquis en matière d'élimination des maladies comme le tétanos néonatal et maternel, l’arrêt de la circulation du poliovirus sauvage, le contrôle des épidémies comme la rougeole et de la fièvre jaune, ainsi que de nombreuses maladies respiratoires des enfants. Toutes ces pathologies peuvent revenir si on rompt cette progression. En réalité, il y a effectivement un risque d’interruption momentanée des services de vaccination. Néanmoins, je crois qu'il est encore possible d'éviter cela et d'établir un mécanisme de financement durable pour réussir la transition, comme l'ont fait d'autres pays avec des profils économiques similaires.


Au regard de l’impact du retrait de Gavi, pourquoi continuer de contribuer au sein de cette alliance si on n’en est plus bénéficiaire ? 
L’arrêt des financements de Gavi n’est pas la fin de la coopération avec l’Alliance mondiale pour les vaccins. En raison de l’engagement politique, le Cameroun va rester comme un pays donateur dans le cadre de la solidarité mondiale en faveur de la vaccination. A date, la contribution du Cameroun à Gavi dans le cadre de cette solidarité s’élève à un million de dollars, soit 600 millions. Gavi et le Cameroun vont poursuivre leur coopération dans le cadre de l’initi...

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