« On peut imaginer un système pour décourager les aventuriers »

A l’issue du dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle du 12 octobre, Elecam a enregistré 82 dossiers au total. Un chiffre jamais atteint auparavant. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
L'inflation des candidatures s'explique par la visibilité et l’exposition médiatique de la fonction présidentielle. Il y a les vrais candidats, les acteurs politiques du lendemain et des personnes qui profitent de la magie des réseaux sociaux pour avoir leur heure de gloire. Cela s'explique aussi par la libéralisation de la parole liée à la démocratisation de la société camerounaise. Enfin, il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit, à ce stade, d’un travail purement administratif au niveau d’Elecam. Chaque dossier déposé doit être reçu, compilé et enregistré sans discrimination.

Vous êtes donc du même avis que ceux qui estiment que ce à quoi on a assisté est un autre signe de vitalité de notre démocratie ?
Effectivement. Il s’agit de comprendre que chaque citoyen est libre de se présenter et d’avoir des ambitions politiques dès lors que le système le permet. On ne saurait brider les prétentions des individus alors que le paysage politique s'est libéralisé. Cela traduit également les clivages et les factions à l'intérieur même des partis politiques qui sont souvent réputés très fermés avec une vie par le haut.

Quelle analyse faites-vous des différents profils de cette liste ?
Parmi les 82 dossiers, on remarque qu'il y a un homme d'État, de vrais hommes politiques, des candidats qui se cherchent une existence sur la scène politique, des acteurs de la société civile et des individus qui se laissent découvrir. On notera également les candidatures féminines, surtout celle de Madame Ndam Njoya qui, de mon point de vue, a plus de chances d’être retenue. Les candidatures recoupent également les diverses tranches d’âge de la société, ainsi que diverses catégories socioprofessionnelles (politiciens professionnels, enseignants, avocats, médecins, agriculteurs, hommes d’affaires, artistes, ingénieurs etc.). Cela traduit aussi la pluralité des trajectoires qui peut conduire à une carrière politique.

Comment comprendre que dans certains partis, on enregistre plusieurs candidats déclarés ?
Cette réalité s’explique d’abord par une libéralisation de la parole qui commence à faire son lit au sein des partis politiques. C’est tout bénéfique pour la démocratie interne des partis politiques. Il s’avère ensuite que cette démocratie interne des partis politiques peut conduire à des factions rivales qui s'affrontent pour le contrôle de la formation politique. Et l'élection présidentiell...