« La transformation locale, un défi majeur »

Samuel Njanga Kondo Ngande, président du Syndicat des industriels du Cameroun.

Quels sont, selon vous, les acquis de ce septennat en matière d'industrialisation et de mise en place véritable de la politique d'import-substitution ?
Le septennat qui s’achève n’a pas été de tout repos sur le plan économique. Entre un contexte de tensions internes majeures et des crises exogènes en cascade, le Cameroun a fait preuve d’une certaine résilience macroéconomique, que nous devons saluer. Cependant, cette résilience ne saurait masquer les limites structurelles persistantes qui freinent la transformation de notre économie. En matière d’industrialisation, les ambitions affichées n’ont pas toujours été traduites dans les faits avec la vigueur requise. Les bases de la politique d’import-substitution ont certes été posées à travers le Plan directeur d’industrialisation, le recentrage de certaines priorités sectorielles, ou encore la montée en puissance du discours en faveur du « Made in Cameroon ». Mais les effets concrets restent encore trop timides.
L’industrialisation suppose une vision claire, une coordination forte et une volonté constante de réforme. Or, l’environnement reste marqué par des lenteurs administratives, une fiscalité peu incitative, un accès difficile aux intrants stratégiques (énergie, emballage, logistique) et une gouvernance sectorielle parfois hésitante. Il faut aussi rappeler que malgré la vitalité de certaines filières (ciment, agroalimentaire, chimie de base), la contribution des produits manufacturés aux exportations reste marginale, à peine 2,5% en 2024. De nombreuses branches industrielles comme le bois, le textile ou l’imprimerie sont en perte de vitesse, pendant que d’autres (pharmacie, plasturgie…) peinent à se déployer pleinement à cause d’une forte concurrence des importations.
En somme, ce septennat a été celui de la résilience économique. Le prochain devra impérativement être celui de l’accélération, de la cohérence et de la mise en œuvre effective d’une politique industrielle ambitieuse, inclusive et structurante.


Quels sont les besoins toujours prégnants du secteur industriel ?
Le secteur industriel camerounais exprime des besoins récurrents qui méritent une attention stratégique. En premier lieu, la disponibilité d’une énergie fiable, régulière et abordable reste une condition sine qua non pour garantir la continuité et la compétitivité de l’appareil productif. À cela s’ajoute la nécessité d’un accès élargi à des financements adaptés aux réalités industrielles, en particulier des instruments de crédit à moyen et long terme, soutenus par des mécanismes de garantie et un capital patent. Un autre besoin fondamental concerne l’accès aux certifications, normes de qualité et labels, devenus incontournables pour pénétrer des marchés exigeants. Les entreprises, notamment les PME industrielles, doivent également bénéficier d’un accompagnement plus structuré, dans la structuration des filières dans lesquelles elles s’inscrivent et dans leur capacité à se projeter au-delà du marché local.
Dans le même esprit, il devient impératif de mettre en place un dispositif efficace de soutien à l’internationalisation, afin de...

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