« Cette augmentation va favoriser les échanges »

Boutchouang Nghomsi, économiste.

Le volume des billets de banque et pièces en circulation dans la zone Cemac a progressé de 13%. Quels sont les secteurs qui bénéficient le plus de cette amélioration de la disponibilité de la monnaie ?
Une telle mesure est salutaire. Nous avons pu constater ces derniers mois des difficultés à avoir des suffisamment de jetons pour effectuer les échanges lors des transactions dans les marchés et autres espaces commerciaux, créant des tensions. La monnaie étant à l’économie ce qu’est le sang au corps humain, cette hausse de la monnaie fiduciaire en circulation va favoriser les échanges entre les agents économiques (ménages, entreprises, administrations) qui disposeront davantage de liquidités. Les secteurs  qui en profitent le plus sont : le commerce et la distribution (supermarchés, marchés, petits commerces de détail), car les ménages ont plus de cash pour consommer, le secteur informel très présent en zone Cemac avec environ 60 % de l’activité économique et où le cash reste le principal moyen de transaction. Les transports et services de proximité (taxis, mototaxis, restauration de rue, services quotidiens) sont concernés au même titre que l’agroalimentaire qui croît avec la disponibilité de liquidités. L’immobilier et le BTP où les transactions foncières et de construction reposent encore souvent sur du cash. Enfin, les banques et fintechs (indirectement) dans la mesure où si les flux de cash finissent par être déposés dans les comptes, elles gagnent en dépôts à transformer en crédits.


Quelles répercussions sur les échanges économiques, étant donné que ce volume est appelé à augmenter jusqu’en 2030 d’après la Banque centrale ?
Si la tendance de la hausse de volume des billets de banque et pièces en circulation dans la zone Cemac se poursuit jusqu’en 2030, nous allons assister à plusieurs effets sur l’économie de la zone, notamment la stimulation de la consommation et des transactions. En effet, une disponibilité accrue de cash facilite les échanges dans les économies peu bancarisées comme celles de la sous-région. Les secteurs informels, le commerce de détail et l’agriculture bénéficieront particulièrement de cette liquidité. Cela peut favoriser une augmentation de la demande intérieure et dynamiser certaines filières locales. Par ailleurs, un renforcement du rôle de l’économie informelle peut être observé. Si la hausse du volume fiduciaire n’est pas accompagnée d’une bancarisation plus forte, une grande partie des transactions restera en dehors du système financier officiel. Ce qui limite la capacité de l’État à mobiliser des recettes fiscales et à suivre les flux financiers. La pression sur les importations peut se faire sentir. En l’absence d’une hausse équivalente de la production locale, une partie de cette liquidité alimentera la consommation de biens importés, ce qui pèsera sur la balance commerciale et les réserves de change. Par ailleurs, un effet sur l’investissement est envisageable. Si l’excès de liquidités est bien orienté, il pourrait soutenir la création d’ent...

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