« Ces soutiens peuvent crédibiliser une candidature »

En prélude à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain, on observe pratiquement que tous les candidats sont dans une opération d’affichage de leurs soutiens, chacun voulant montrer que c’est lui qui fédère le plus grand nombre d’acteurs sociaux. Comment analysez-vous cette démarche ?
Dans une campagne présidentielle, l’affichage des soutiens est une stratégie classique de légitimation visant à créer une perception de dynamique et de capacité à rassembler. En politique, la perception est souvent aussi importante que la réalité : être soutenu par des figures influentes (chefs traditionnels, syndicats, célébrités, etc.) permet de crédibiliser une candidature, de rassurer les indécis et de créer un effet d’entraînement. Fondée sur le principe de « preuve sociale », cette stratégie renforce la confiance en un candidat perçu comme populaire et rassembleur. Dans des contextes comme celui du Cameroun, elle active aussi des réseaux informels puissants capables de mobiliser localement. Toutefois, mal utilisée, elle peut produire un effet inverse : perception de manipulation, mise en scène ou absence de cohérence politique. Pour éviter cela, les soutiens doivent être crédibles, vérifiables et cohérents avec l’image du candidat. Enfin, la concurrence autour des soutiens permet aussi de lire les rapports de force internes à chaque camp. Loin d’être un simple outil de communication, cette démarche stratégique construit la légitimité sociale, l’ancrage territorial et l’image du leadership. Elle doit cependant rester authentique, équilibrée et soutenue par un discours de fond pour éviter le rejet.

Comment un candidat peut-il capitaliser ce genre d’initiative ?
Dans une campagne électorale, un soutien n’a de valeur que s’il est activé de manière concrète. Il ne suffit pas de publier des communiqués ou de montrer des visages connus. Un soutien efficace doit devenir un levier de mobilisation, d’influence et de vote. Cela implique une stratégie ciblée d’intégration des soutiens. Ils doivent être inclus dans les comités locaux, intervenir dans les médias, participer à des actions de terrain, notamment auprès des jeunes, des femmes, des populations rurales ou de la diaspora. Tous les soutiens n’ont pas le même poids. Certains sont réellement influents, d'autres purement symboliques. Il est donc essentiel de sélectionner des figures crédibles, respectées et diversifiées, tout en évitant les soutiens controversés ou incohérents avec l’image du candidat. Lorsqu’ils sont bien choisis, ces soutiens peuvent renforcer la légitimité du discours et toucher des électorats spécifiques. Mais au-delà de leur présence, il faut inscrire ces soutiens dans une narration politique cohérente. Chaque ralliement doit raconter quelque chose : pourquoi ce soutien ? Que dit-il du candidat et de son projet ? Comment incarne-t-il sa capacité à rassembler ? Ainsi, les soutiens deviennent des « micro-candidats », relais de campagne crédibles dans leurs cercles d’influence. Pour les rendre effi...