« L’accent doit être mis sur les filières à forte valeur ajoutée »

Dr. Moussa Elhadji Saidou, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Ngaoundéré, spécialiste en économie du développement.

Le gouvernement a validé le PIISAH en vue de limiter les importations de produits alimentaires et de renforcer la production locale. Quelle évaluation à mi-parcours et quelles chances de réussite pour la suite ?
Le Piisah est une initiative mise en place par le gouvernement camerounais dans le but de réduire la dépendance du pays aux importations de produits alimentaires. L’objectif est d’accroître la production locale en soutenant les filières clés telles que le riz, le maïs, le blé, le poisson et l’huile de palme. À mi-parcours, l’évaluation du Piisah est mitigée. Bien que le plan ait été lancé avec l’ambition de réduire les importations de 50%, les premiers résultats sont encore loin d’être à la hauteur des attentes. Certains projets de renforcement des infrastructures agricoles (routes de desserte, entrepôts de stockage, etc.) ont été lancés, mais leur impact sur le volume de production n’est pas encore significatif. L’insuffisance des financements et le manque de coordination entre les différents acteurs sont les principaux défis qui freinent la mise en œuvre du plan.
S’agissant des chances de réussite, il faut noter que pour que le Piisah atteigne ses objectifs, le gouvernement devra surmonter plusieurs contraintes dont la mobilisation des financements pour les projets et le soutien aux producteurs ; la réforme foncière : l’accès à la terre étant un obstacle majeur pour les petits producteurs ; la modernisation des techniques agricoles. L’adoption de nouvelles technologies (irrigation, engrais, semences) est nécessaire pour améliorer les rendements. Enfin, le renforcement des capacités des producteurs est essentiel pour accroître la productivité.


Le Cameroun a dépensé en moyenne 3000 milliards de F par an entre 2013 et 2021 pour l’importation de produits alimentaires. Qu'est-ce qui cause cette dépendance vis-à-vis de l'extérieur ?
Le Cameroun est un pays à fort potentiel agricole, mais il reste dépendant des importations pour sa sécurité alimentaire. Plusieurs facteurs peuvent concourir à cela, notamment le manque d'investissements dans le secteur agricole qui souffre d'un sous-financement chronique limitant sa capacité à se développer ; l'insuffisance d’infrastructures (routes de desserte, entrepôts de stockage, chaînes de froid et systèmes d'irrigation). Un tour dans la région de l’Est permet de voir les difficultés que les agriculteurs rencontrent pour acheminer la banane plantain vers les villes. Les aléas climatiques comme la sécheresse, les inondations et autres catastrophes naturelles affectent aussi la production agricole, davantage dans la partie septentrionale du pays. D’autre part, les prix des produits importés sont souvent plus bas que ceux des produits locaux, ce qui incite les consommateurs à privilégier les importations. Pour preuve, il suffit de voir le prix d’un sac du riz de Yagoua et d’un sac de riz thaïlandais. Enfin, les pratiques agricoles traditionnelles sont peu productives et ne permettent pas de répondre à la demande intérieure croissante.
Selon le rapport sur l’économie camerounaise 2024, le déficit de la balance commerciale est passé de près de 600 milliards de F en 2023 à 250 milliards de F en 2024.

Quels sont les éléments qui ont permis de réaliser cette performance ?
Plusieurs facteurs expliquent une telle performance parmi lesq...

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